CHAPITRE XXIII
Ainsi, Obi-Wan Kenobi et Qui-Gon Jinn combattirent côte à côte. La Force puisait entre eux. Ils n’avaient pas besoin de se parler pour savoir quand l’autre allait bouger ou passer à l’assaut. Lorsque Qui-Gon s’avançait, Obi-Wan se reculait pour protéger son flanc. Lorsque le garçon bondissait sur la droite, le Jedi assurait son côté gauche.
Clat’Ha les rejoignit, un blaster dans chaque main et un troisième de rechange attaché à sa cuisse. Avec Qui-Gon, ils s’étaient chargés de distribuer le dactyl aux Arconiens et en avaient ranimé assez pour qu’ils puissent combattre. Si Treemba et les siens réglaient leur compte aux draigons qui s’aventuraient trop près de l’entrée.
Le plan d’Obi-Wan fonctionnait à merveille. Les cadavres de draigons empilés devant l’ouverture finirent par l’obstruer. Obi-Wan, Clat’Ha et Qui-Gon demandèrent à un petit groupe de surveiller le tunnel et coururent vers une autre entrée. Puis la bataille reprit.
Avant sa mort, Jemba avait ordonné aux gens d’Offworld de défendre la caverne où ils s’étaient réfugiés. Il leur avait ordonné de tirer depuis les rochers qui l’entouraient. C’était une stratégie absurde, et des centaines de mineurs avaient péri. Finalement, Obi-Wan et Qui-Gon purent les convaincre de lutter depuis l’entrée de la caverne en se protégeant derrière les cadavres des draigons.
Mais les énormes volatiles tentaient de forer de nouveaux tunnels. Parfois, ils parvenaient jusqu’aux couloirs d’accès et attaquaient les mineurs. C’est là que les Arconiens trouvèrent leur utilité. Lorsque vint le soir, les Hutts et les Whiphids avaient enfin compris que les habitants d’Arcona étaient tout sauf des lâches. Ils étaient nés dans des grottes, dans le noir, et lorsqu’il leur fallut passer à l’attaque dans leur propre élément, ils firent preuve d’astuce et de pugnacité.
Les draigons qui pénétraient dans les couloirs ne purent les prendre par surprise. De fait, les Arconiens se montrèrent si efficaces que les Hutts et les Whiphids battirent en retraite pour les laisser achever la bataille.
À la tombée de la nuit, Obi-Wan et Qui-Gon combattaient toujours devant la dernière entrée. Les draigons lâchaient des hurlements perçants accompagnés de nuages de fumée. Mais ce n’était plus des cris de guerre, plutôt des signaux de ralliement. Soudain, dans un ultime concert, les survivants de la meute s’élevèrent dans les airs et firent deux fois le tour de l’île avant de s’éloigner, vaincus.
La petite troupe de Hutts et de Whiphids salua leur départ par une clameur. Obi-Wan crut qu’ils exprimaient ainsi leur joie. Mais lorsqu’un Whiphid massif vint lui donner une claque amicale dans le dos et que les Hutts se massèrent autour d’eux pour les applaudir, Obi-Wan comprit que, en réalité, leurs anciens ennemis acclamaient le Jedi !
Plus tard, lorsque le garçon et Qui-Gon allèrent porter le reste de dactyl aux Arconiens, et qu’ils se retrouvèrent dans la grotte réquisitionnée par Jemba, personne ne tenta de les en empêcher.
Les ordres absurdes de Jemba avaient causé la mort de trois cents mineurs d’Offworld, massacrés par les draigons. Quatre-vingt-sept Arconiens avaient perdu la vie. Les cavernes bourdonnaient des chants de deuil de leurs congénères.
Obi-Wan restait là, à regarder son ami qui partageait la douleur des siens. Il était temps que Si Treemba retrouve son peuple. Obi-Wan posa une main sur son épaule, la serra doucement, puis s’en alla.
La force de travail des mineurs était réduite de moitié. Pendant que les Arconiens pleuraient leurs morts, Clat’Ha tirait des plans sur l’avenir. Elle s’en fut trouver l’un des lieutenants de Jemba, un Hutt du nom de Aggaba, et lui dit :
– Aggaba, je voudrais vous embaucher, vous et vos hommes.
– Lesquels ? répondit-il d’un air méfiant.
– Tous. Pour l’instant, vous allez prendre leur tête, du moins jusqu’à ce que nous atteignions Bandomeer. Une fois arrivés, je rachèterai vos contrats.
– Et ensuite ?
Une lueur rusée brillait dans les yeux du Hutt, il semblait chercher un moyen de profiter au maximum de la situation.
– Si vous le voulez, vous n’aurez qu’à travailler pour notre compagnie minière, répondit Clat’Ha. Nous proposons une part des bénéfices : vous avez donc tout à y gagner. Réfléchissez. Lorsque vous arriverez sur Bandomeer, vos chefs vous rétrograderont et vous mettront sous la coupe d’un autre. Je vous donne une chance d’échapper à Offworld et de rejoindre une compagnie qui vous offrira des emplois solides, à long terme, et mieux payés.
Aggaba se lécha les lèvres et regarda autour de lui tel un Jawa pris au piège.
– Racheter nos contrats vous coûtera une fortune, dit-il. Mettons, deux mille par personne.
– Quoi que je puisse vous donner, rétorqua Clat’Ha, la somme ira directement dans les coffres de votre quartier général. Par contre, je peux vous faire une offre plus intéressante : vingt par personne, et si vous acceptez, un bonus personnel de vingt mille, rien que pour vous.
Aggaba ouvrit de grands yeux pétillants. Clat’Ha fit de son mieux pour dissimuler sa propre satisfaction. Aggaba allait signer pour assouvir sa cupidité. Mais les autres travailleurs gagneraient leur liberté.